Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
GITE DE CHARME 4 * EN PÉRIGORD NOIR - "L'ATELIER MONTIGNAC" -
Archives
GITE DE CHARME 4 * EN PÉRIGORD NOIR - "L'ATELIER MONTIGNAC" -
  • Fins gourmets, amateurs d'histoire et de belles pierres ou tout simplement amoureux de la nature, découvrez l'intarissable Dordogne et plongez-vous, avec ivresse et lente gourmandise, dans les parfums suaves du Périgord noir...
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
9 novembre 2010

Jacquou ou le récit du dernier des Croquants du Périgord

jacquoucanalplusLe récit singulier du dernier des croquants du Périgord dont l’épopée touchante embrasse les événements historiques de la chute de Napoléon 1er à la fin du XIXe siècle, suscite un vif enthousiasme.

Sur l’historique du manuscrit, Eugène Le Roy indique qu’il fut « commencé vers le mois de mars 1896 et achevé en mai de l’année suivante ». Au printemps 1899, La Revue de Paris, publie le récit en feuilleton dans les colonnes de son journal. La première édition fut assurée par Calmann-Lévy en janvier 1900.

Dans ce roman originellement intitulé « La Forêt Barade », Eugène Le Roy fait le récit de la souffrance de la paysannerie à l’époque des seigneurs de l’Ancien Régime. Dans l’histoire de la littérature française, l’atavisme du dernier des Croquants du Périgord symbolise le rêve de justice et le sentiment moral d’équité, cher au peuple opprimé…

Les premières pages s’ouvrent sur la description poignante des galetas paysans en 1815. En ce temps-là, l’abdication de Napoléon 1er rappelle sur le trône Louis XVIII et les ultraroyalistes qui proclament le rétablissement dans leur charge des anciens serviteurs de la royauté et l’adoption du drapeau blanc.

Dans ce coin du Périgord noir (Montignac Lascaux Fanlac), la famille Ferral exploite durement une mauvaise métairie du comte de Nansac située sur la lisère de la forêt Barade. Image forte et poignante, le spectacle profondément triste de cette nuit de Noël où le petit Jacquou assiste avec sa mère à la célébration de la nativité dans le faste solennel de la chapelle du château de l’Herm !

Tenue à l’écart dans un renfoncement de l’édifice, la gueuserie des paysans constitue un contraste frappant avec l’opulence insolente de la bourgeoisie parvenue. Les traîne-misère, la faim au ventre sans cesse aiguisée par les abois d’un estomac creux, songent à la formidable ripaille des châtelains. Pendant qu’ils reprennent les chemins neigeux de la forêt, repaire des brigands et des loups, Martissou, le père de Jacquou, braconne pour l’honnête subsistance de sa famille.

Dans cette noirceur sociale, l’épopée historique de la persécution des paysans du sud-ouest hante la mémoire du narrateur.

Très miséreux et chassés de partout, Jacquou et sa mère errent dans l’espoir d’un engagement auprès des fermes alentours. Pour ne pas mourir de faim, Marie s’emploie à des tâches laborieuses et ordinairement réservées aux hommes vaillants mais la malheureuse s’épuise lamentablement. Quand le travail vient à manquer… la misère de Jacquou et de sa mère est plus âpre encore !

Les va-nu-pieds trouvent refuge dans les ruines d’une ancienne tuilière de la forêt Barade. En ces lieux, hantés par le souvenir du comte de Nansac, ils profèrent un serment vindicatif, conforme aux traditions païennes antiques. Dans l’esprit du petit Jacquou qui n’a que neuf ans, cette promesse à la valeur d’une imprécation très solennelle…

Voyant sa mère décliner peu à peu, terriblement affaiblie par les privations et la tristesse, une nuit l’enfant déserte la chaumière, emplit son sabot de cendres et incendie la forêt du château de l’Herm. La misère et la maladie emportent la pauvre Marie, laissant Jacquou face à une destinée incertaine…

Pendant quatre jours, le petit orphelin cherche à se louer inutilement au hasard des grosses fermes. Quelquefois par honte de mendier, il ne mange pas et la nuit descendue, il s’endort au pied d’un châtaignier, dans un tas de bruyère. Sa longue errance le conduit à Fanlac où il s’assied un moment sur le parvis de l’église. ph24_fanlac

Le brave curé avait tant de charité pour les déshérités et les opprimés, qu’il fut ému par la détresse de Jacquou. Il recueille l’enfant à la maison curiale, le réconforte, l’habille de ses chemises et partage son couvert et son gîte. Aidé dans sa tâche par le chevalier Galibert -un noble érudit, charitable et modeste, vivant en marge des puissants- le curé Bonal inculque à Jacquou une bonne éducation et l’instruit de connaissances éclectiques essentielles. Reconnaissant, Jacquou témoigne par son travail d’une juste gratitude à ceux qui le traitent si bien. 

Révoqué par le Clergé ultraroyaliste comme un scélérat pour avoir prêté serment à la Constitution civile en 1790, le bon curé Bonal succombe à une attaque. Béni seulement avec un brin de rameau, les siens l’enterrent selon son souhait, sous le gros marronnier qui fut planté le jour de la naissance de son père. Dans une armoire qui contenait quelques hardes, on trouva bien un testament au profit de Jacquou mais le document, non daté est entaché de nullité. Chassé par un lointain héritier, Jacquou se retranche dans la charbonnière de Jean, aux Maurezies, et s’emploie à la fabrication du charbon de bois. Le temps est venu pour le jeune homme de formuler des projets passionnés avec Lina, son amie d’enfance…

Mais depuis quelque temps, Jacquou prêche la révolte chez les paysans. Enclin au soupçon, Nansac donne des instructions à ses gardes et ordonne une embuscade. Jacquou est jeté au plus profond d’une basse-fosse du château de l’Herm avec la certitude d’un oubli péremptoire et d’une mort agonisante.

Après plusieurs jours d’épuisement à explorer ce tombeau, le prisonnier est à demi-mort de faim. Dans ces ténèbres horribles, le malheureux ne découvre que les ossements de ceux qui, jadis avaient été jetés vivants avant d’être mangés par les rats qui abondent dans les douves. Désespéré, Jacquou songe à abréger ses souffrances mais il ne parvient pas à s’étrangler à l’aide des cordes qui le retiennent prisonnier. L’idée lui vint d’attraper un de ces rats immondes qui grignotent ses souliers et mordent sa figure, ses bras et ses jambes. Il aurait voulu témoigne t-il, dévorer l’ignoble animal vivant… pour apaiser sa faim mais ses mains avaient perdu toute réaction. Alerté par la longue absence de Jacquou et la détresse de Lina, le chevalier Galibert exhorte, non sans peine, le juge de paix et les gendarmes à diligenter une enquête au château. Devant les rumeurs d’une perquisition, le comte coupe court aux recherches et libère le captif : bien sûr, la justice ne cherche pas à éclaircir cette affaire… Hélas ! Entre temps, la malheureuse Lina s’est noyée de désespoir dans le Gour.

Dans le sillage de l’œuvre de Jacquou, le message d’Eugène Le Roy est livré aux générations actuelles avec une étonnante sincérité. Cultivateur journalier puis charbonnier, le dernier des croquants du Périgord épouse Bertille, l’amie d’enfance de Lina… Entouré de ses treize enfants, il vit libre et heureux dans une parfaite quiétude d’esprit « comme la lanterne des trépassés du cimetière d’Atur ».

Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité